Youssef Chahed mène son combat de survie pour ses décisions précipitées, mais aussi pour avoir désavoué Béji Caïd Essebsi, qui serait aussi hors-jeu pour sa double erreur de casting.
Voilà ce que nous montre le paysage politique de la phase actuelle du processus de transition politique de notre pays.
Quant au paysage économique, et afin de résumer la situation en deux mots, nous nous trouvons dans la même situation que celle du fin de règne de Mzali.
En termes chiffrés, nous somme à 15 milliard de déficit commercial, un dinar qui a perdu 40% de sa valeur en 7 ans et une croissance molle de moins de 3% boostée par un seul moteur qui est la consommation.
Les derniers adeptes de l’optimisme sont en train de ruminer. Et alors, nous avons survécu à des situations plus catastrophiques. Sauf que, cette fois ci, nous avons attrapé la gangrène politicienne.
Plus profonds que les indicateurs politiques et économiques, il y a d’autres événements qui sont plus révélateurs de la situation de chaos qui est en train de dévaster le pays : la pénurie des médicaments, du sucre et du lait, les coupures d’eau à répétition, les retards dans le versement des rentes aux retraités, et j’en passe.
Ces faits, loin d’être divers, suscitent une recherche sérieuse des vraies causes sous-jacentes. D’abord le déficit budgétaire qui continue à s’aggraver, mais aussi le manque de vision et de décisions économiques claires qui permettront de redresser la tendance.
Nous avons beau approuver le plan quinquennale 2016-2020, avec une année de retard de surcroît, mais ce n’est qu’un plan pour la forme, sans aucune relation avec la réalité.
L’inflation galopante, la hausse du TMM, le manque de liquidités, les blocages administratifs, tout ça fait que le peuple est tellement engouffré dans la déprime qu’il est psychologiquement prêt au pire des scénarios sans bouger. Que vaudra donc, dans ce contexte, une énième menace de grève générale de l’UGTT ?
Ces constats ne peuvent que confirmer la fin du gouvernement Chahed 2, mais aussi de son mentor BCE, même s’ils continueront à administrer les affaires jusqu’à l’échéance électorale de 2019.
Au delà de la fin d’un règne, cela annonce la fin d’un système. Ce système longtemps préservé par Ben Ali, maintenu par tous les gouvernement de transition, est a bout souffle. Il n’est plus possible de tolérer de tels déséquilibres budgétaires et économiques et toute action de redressement est anéantie.
Il ne serait plus possible de maintenir un état providence sans les garde-fous nécessaires de bonne gouvernance, ni un état gendarme sans le courage de libéraliser l’économie.
Il ne serait plus possible de compenser le prix du lait, du pain, du carburant, du café, du thé, de l’électricité sans aucun criblage.
Retarder l’âge de la retraite de 2 ans ne ferai que retarder le problème. Il va falloir donc s’attaquer aux vraies causes du déficit.
Tant que nos politiciens ne seront pas conscients que le système sur lequel ils misent et basent leur pouvoir est fini, nous continuerons à nous engouffrer de plus en plus dans la catastrophe.
Les douze mois à venir seront chauds, mais espérons qu’ils aboutiront à la naissance d’un nouveau système, pas un renouveau de règne.
Anis Wahabi